Quand les chrétiens ne paient pas leurs factures

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Article By Phoebe Mugo

Si l’apôtre Paul écrivait cet article, il pourrait dire quelque chose comme ce qu’il a dit à l’église de Corinthe (I Cor. 5:1) : « On entend dire généralement qu’il y a chez les chrétiens une incapacité à payer leurs dettes, d’une manière qui ne se retrouve même pas chez les non-croyants. En fait, le concept même de ‘chrétiens qui ne paient pas leurs factures’ ne devrait même pas exister dans le corps du Christ. » Malheureusement, cela existe bel et bien.

À la maison d’édition Uzima (Le service d’édition de l’Eglise Anglicane au Kenya), nous terminons souvent chaque année fiscale avec environ 55 % de nos débiteurs qui sont des institutions chrétiennes telles que des églises, des librairies d’église et des librairies chrétiennes privées. Si la plupart sont des débiteurs qui auraient dû payer au cours de l’année fiscale, certains ont des dettes contractées il y a 6, voire 8 ans. Les institutions non chrétiennes qui représentent 45 % de nos débiteurs dépassent rarement 12 mois avant de payer, et leurs soldes impayés ne datent généralement que de 2 à 12 mois. Nous pouvons honnêtement, mais malheureusement, dire que nous faisons de meilleures affaires avec les non-croyants qu’avec les croyants.

 

Une vision erronée du monde des affaires et du ministère

Si la plupart des problèmes de nos clients sont dus à l’économie ou à une mauvaise gestion, un manque général de professionnalisme dans le secteur commercial chrétien est également un facteur important. En fait, le problème commence là. Les chrétiens – y compris les éditeurs – ont tendance à recruter leur personnel sur la base de leur amour du Seigneur. Les représentants commerciaux embauchés sur cette base peuvent passer des heures à exprimer leur amour en partageant des témoignages avec les clients – et perdre un temps de travail précieux. Ils peuvent offrir des crédits importants à leurs frères et sœurs bien-aimés dans la foi. La décision commerciale est prise sur la base de « Nous allons à la même église », sans se demander si les clients peuvent payer leurs achats. En effet, nous devons recruter des employés qui aiment le Seigneur, mais cela ne doit jamais se faire au détriment de leurs qualifications pour le travail pour lequel ils sont engagés.

 

Le recrutement est la clé

Dans le même ordre d’idées, nous avons tendance à embaucher des travailleurs non qualifiés parce que nous ne voulons pas payer des salaires élevés. Souvent, nous n’avons pas beaucoup d’argent. Nous devons comparer les pertes aux avantages qui peuvent résulter de l’embauche de personnel non qualifié. D’après mon expérience, l’entreprise est plus performante si j’embauche du personnel qualifié. Ils finissent par rapporter suffisamment d’argent pour justifier leurs salaires. Résolvez les problèmes internes. Évaluez vos pratiques de recrutement. Développez une politique de vente efficace avec des directives sur les personnes solvables et le plafond de crédit à maintenir pour chaque client.

 

La librairie est à la fois un commerce et un ministère

Lorsqu’un responsable de librairie n’est pas bien formé, il peut ne pas comprendre la gestion des stocks. Il peut commander plus que ce dont son magasin a besoin et laisser les livres sur les étagères indéfiniment. Comme les livres ne se vendent pas, ils ne peuvent pas nous payer. Lorsque nous visitons des librairies dans tout le pays, nous découvrons parfois une telle situation. Nous travaillons alors avec le magasin et reprenons les livres qui sont en bon état en échange d’autres livres. Nous ne pouvons pas toujours le faire (par exemple, si nous avons révisé le livre et lui avons donné un nouveau design de couverture). Dans ce cas, nous attendons de nos clients qu’ils assument la responsabilité de leur erreur de jugement et qu’ils nous paient.

Un autre problème courant que nous avons constaté chez les librairies appartenant à des églises est la mauvaise gestion financière. Souvent, le gérant de la librairie ne réinvestit pas l’argent dans l’entreprise mais le donne à l’évêque, ou à un autre ministre, pour le paiement des factures de l’église. Il ne reste alors plus de fonds pour payer le fournisseur ou pour acheter d’autres livres. Nous avons rencontré ce problème à maintes reprises et avons assisté à l’effondrement de nombreuses librairies d’église.

 

La fameuse « main de la fraternité »

Même lorsque les librairies chrétiennes commettent les erreurs mentionnées ci-dessus, elles attendent toujours de l’éditeur chrétien qu’il leur tende la « main de la fraternité » pour leur fournir davantage de livres. Si nous, éditeurs, continuons à fournir de la littérature même si nous ne sommes pas payés, nous commettons une erreur fondamentale qui finira par entraîner de graves problèmes financiers.

À Uzima, tendre la « main de la fraternité » de cette manière nous a coûté cher au fil des ans. Dans les années 1990, les dettes impayées ont presque conduit à la faillite de notre entreprise. Uzima a dû fermer son imprimerie et utiliser le peu d’argent qu’il lui restait pour sauver la maison d’édition. Nous avons réorganisé nos activités, recruté du personnel mieux formé et élaboré une politique de vente stricte. Nous avons également mis au point une réponse à plusieurs facettes pour les croyants qui ne paient pas leurs factures :

 

  • Priez pour vos clients.

Depuis sa création, Uzima a toujours eu une séance de dévotion matinale avant de commencer le travail de la journée. Nous consacrons une matinée à la prière pour nous-mêmes et pour nos clients. Nous savons que certaines librairies ont de bonnes intentions mais connaissent des difficultés financières, et nous devons donc intercéder pour elles. En priant, nous exprimons notre dépendance à l’égard de Dieu. Nous lui demandons de nous guider sur la manière de recouvrer des dettes très difficiles et anciennes. Nous avons vu des résultats étonnants à ces prières.

  • Établissez des relations.

Les libraires ont besoin de savoir que les éditeurs chrétiens les aiment et se soucient de leurs difficultés. Dans notre cas, nous établissons chaque année une liste d’activités que nous entreprendrons avec les églises et les librairies du Kenya. Nous avons rendu visite ensemble à des malades du cancer et à des orphelins du sida. Nous avons aidé à nettoyer et à rénover des institutions, et nous avons assisté à diverses réceptions au fil des ans. Les activités de renforcement de l’esprit d’équipe aident nos clients à nous voir comme des amis et des collaborateurs en Christ, et non comme des ennemis qui ne demandent que de l’argent à chaque fois que nous nous rencontrons. Lorsque vient le temps du recouvrement des créances, cela devient beaucoup plus amical et plus facile à gérer. Dans le cadre de l’établissement de relations, nous cherchons également des moyens de rendre la pareille à nos clients. Par exemple, avec une partie des redevances provenant de la vente des livres de culte, nous avons partiellement financé le comité liturgique de l’église anglicane du Kenya qui a élaboré un livre de culte indigène en 2000. Depuis, nous avons parrainé des églises pour qu’elles traduisent ce livre de prières de l’anglais vers diverses langues kenyanes. Cette année, nous prévoyons d’utiliser les redevances pour offrir une formation en gestion des stocks et en gestion financière à certains de nos gérants de librairie qui font de gros efforts pour nous payer.

  • Favorisez la compréhension.

À un moment donné, les relations d’Uzima avec l’Église étaient très aigres, car ils estimaient que nos tactiques de recouvrement des dettes étaient insensibles. Il m’a fallu assister à la Chambre des évêques – une réunion annuelle tenue par les primats – pour aborder la question. Il a été très utile que les hauts responsables de l’Église comprennent les problèmes auxquels nous sommes confrontés lorsque nous ne sommes pas payés. À la fin de la réunion, ils ont accepté de prendre leurs responsabilités dans ce domaine – et certaines dettes qui étaient en souffrance depuis plus de huit ans ont été payées ! Dans le prolongement de ce processus, j’ai jugé nécessaire de présenter chaque année une liste des débiteurs lors de l’assemblée générale annuelle. Le fait de créer une compréhension avec les dirigeants de l’église a vraiment aidé dans notre processus de recouvrement des dettes.

  • Communiquez votre politique de vente.

La communication de notre politique de vente aux librairies nous a également aidés dans le contrôle du crédit et le recouvrement des dettes. La direction a classé tous les comptes des librairies en trois codes couleur :

NOIR : Pour ceux qui sont solvables. Ce sont les librairies qui paient dans la limite de 30 jours de crédit ; même lorsqu’elles sont en retard, elles ne dépassent généralement pas 90 jours. Lors de la célébration de notre 30e anniversaire, nous avons remis une plaque à la librairie la plus solvable.

VERT : Pour ceux qui doivent être gérés avec prudence. Il s’agit de librairies qui peuvent dépasser le temps de crédit accordé mais qui finissent par payer. Certains expliquent franchement leurs difficultés financières, et nous leur permettons de payer en plusieurs fois, en attendant qu’ils règlent leurs dettes antérieures avant de rouvrir leurs comptes. Souvent, nous demandons aux représentants des ventes de demander l’autorisation appropriée avant de permettre une vente dans cette catégorie.

ROUGE : Pour ceux à qui il ne faut plus vendre de livres. Il s’agit de clients qui n’ont effectué aucun paiement depuis plus de trois ans, que ce soit en raison d’une mauvaise gestion de leurs fonds ou de réelles difficultés financières. De temps en temps, nous les avons vus régler leurs problèmes financiers, payer leurs dettes et rouvrir leurs comptes.

 

  • Évitez les poursuites judiciaires.

Il nous est arrivé de nous demander si nous devions porter certains cas difficiles devant les tribunaux, mais après beaucoup de prières et de négociations, nous sommes parvenus à un accord à l’amiable. Il est regrettable qu’un éditeur poursuive un collègue chrétien pour non-paiement ; cela va à l’encontre de nos convictions et de notre témoignage. Dans les institutions appartenant à l’église, il est conseillé de porter l’affaire devant la plus haute instance de l’église pour qu’un jugement soit rendu. Aucun d’entre nous ne devrait abuser de la grâce que nous accorde notre Père céleste en n’honorant pas ses dettes. Lorsque nous nuisons à nos fournisseurs, nous nuisons également à l’œuvre de Dieu et nous ne parvenons pas à construire son royaume.

 

Phoebe Mugo, ancienne directrice générale de la maison d’édition Uzima à Nairobi, au Kenya, est titulaire d’une licence en édition de livres de l’université Brookes d’Oxford et d’une maîtrise en exposition biblique et en théologie de l’école internationale de théologie de Nairobi.

 

L’article original a été écrit pour Interlit, David C. Cook (publié avec permission)

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Phoebe Mugo

Phoebe Mugo, former chief executive of Uzima Publishing House in Nairobi, Kenya, holds a bachelor’s degree in book publishing from Oxford Brookes University and a master’s degree in Bible exposition and theology from the Nairobi International School of Theology.

Vers une industrie florissante de la bande dessinée et du roman graphique en Afrique

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Article By Benjamin Kouadio
 
Un outil de communication efficace

À mon avis, il existe de nombreuses possibilités de publier des bandes dessinées et des romans graphiques en Afrique. Le principal public cible est la jeunesse africaine. Ils sont actifs et ingénieux, mais manquent souvent de repères. Ils sont exposés aux nombreux vices qui gangrènent la société, comme l’abus d’alcool, les comportements sexuels immoraux, la violence, la paresse et la rébellion 

En même temps, les jeunes s’intéressent à leur histoire. Mais ils ont aussi leurs propres luttes et craintes quotidiennes, leurs propres questions sur l’avenir. Les bandes dessinées et les romans graphiques peuvent être un moyen approprié de répondre à ces questions. Ils peuvent fournir les informations dont les jeunes ont besoin. Ils divertissent, sensibilisent et éduquent 

Les bandes dessinées et les romans graphiques sont particulièrement attrayants en raison de la façon dont ils utilisent conjointement le texte et les images. Cela en fait un outil de communication puissant et un stimulant de la conscience qui peut toucher un large éventail de publics. Grâce à eux, les jeunes peuvent être mis en garde contre les dangers auxquels ils sont exposés dans la société. Grâce à eux, et plus important encore, l’espoir de la Parole de Dieu peut leur être communiquée afin qu’ils soient éclairés, libérés et transformés.  

 

Quelques réflexions sur la publication de bandes dessinées et de romans graphiques en Afrique  

En tant qu’auteur, lorsque l’un de mes livres sort, je participe à des séances de dédicace :  

  • Dans les librairies  
  • Dans les écoles (écoles primaires, collèges et lycées)  
  • Dans les salons du livre  
  • Aux conférences organisées par Comix35 et PJA.  

Mon travail de jeune éditeur ne commence qu’après avoir fait mon travail d’auteur, c’est à dire, après que les fichiers que j‘ai créés et qui constituent les pages de mon livre ont été envoyés à l‘imprimeur.  

Avant même cette étape, je dois lire et corriger tout le texte de mes livres. Je passe beaucoup de temps à cet aspect. Après tout, je suis un écrivain 

  • Ensuite, j’engage un ou deux correcteurs indépendants qui sont payés pour lire et corriger les erreurs que j’ai manquées.  
  • Après cela, j’engage un graphiste. Je peux aussi faire ce genre de travail, mais je préfère le confier à quelqu’un qui fait du graphisme à plein temps. Cela me permet de passer à l’étape suivante… 
  • J’envoie les fichiers de mon livre à un imprimeur.  

Veuillez noter que je mets un point d’honneur à ne pas demander aux gens de travailler gratuitement ou que je ne suis pas en mesure de payer. Ce n’est pas une bonne pratique ! Cela serait non professionnel, malsain et dénué de toute attitude chrétienne. Pour cette raison, j’engage des spécialistes indépendants sur une base de commande par commande que je peux payer au fur et à mesure 

J’ai voyagé en tant qu’auteur au Sénégal, à Kinshasa, Yaoundé, Abidjan, Bouaké, Abengourou, Yamoussoukro, Daloa… Partout je vais, les enfants adorent les BD ! C’est un fait indéniable 

Cet enthousiasme m’a encouragé à continuer à créer des bandes dessinées et même à ajouter une nouvelle flèche à mon carquois, l’édition, plus précisément, la bande dessinée et le roman graphique 

Les bandes dessinées et les romans graphiques peuvent être un moyen approprié de répondre à ces questions. Ils peuvent fournir les  informations dont les jeunes ont besoin. Ils divertissent, sensibilisent et éduquent.

 
Les défis de l’édition de bande dessinée en Afrique de l’Ouest 

Actuellement, il n’y a pas d’autre éditeur spécialisé dans la publication de bandes dessinées et de romans graphiques en Côte d’Ivoire et il y en a très peu en Afrique de l’Ouest. Mon expérience en tant qu’auteur et éditeur m’a appris que la publication de bandes dessinées et de roman graphique en Afrique n’est pas un chemin facile ! Cependant, mon expérience en tant que chrétien me permet de regarder l’avenir avec espoir sachant qu’avec Dieu, beaucoup peut être accompli. 

Je suis également professeur d’art. Cela me donne un grand avantage lorsque je suis avec des jeunes, les enseignant et les éduquant à travers mes livres.  

Galère pécuniaire est la première publication de Kbenjamin Studio. L’argent et l’attitude des gens à son égard en sont le thème principal. (1 Timothée 6 :10 aborde ces questions). J’ai publié et imprimé 2.000 exemplaires de ce livre en Côte d’Ivoire à mes propres frais. J’ai de nombreux autres projets en cours de développement et qui attendent d’être financés. Mon objectif est de devenir progressivement un éditeur financièrement autonome. Pour l’instant, je ne reçois aucun financement de sources extérieures. Cela prouve que c’est possible ! Cela montre aussi que mon engagement dans l’édition de bandes dessinées et de romans graphiques est sérieux.

 

Quelques albums de Benjamin.

Je suis un auteur prolifique, rigoureux et méticuleux. Je passe quatre ou cinq ans à travailler sur chaque projet de livre. De l’écriture des scénarios à la mise en couleurs finale, rien n’est laissé au hasard 

Le métier d’éditeur de bandes dessinées et de romans graphiques comporte de nombreux obstacles, tels que : 

  • Des coûts d’impression élevés  
  • Et de ce fait, des prix de livres élevés  
  • le coût élevé de l’accès aux médias pour promouvoir les livres  
  • Avoir un marché cible composé de personnes qui peuvent à peine se permettre de manger trois fois par jour, et encore moins d’acheter des livres.  
  • Les ressources financières limitées des éditeurs de bandes dessinées et de romans graphiques.  

Comme vous le voyez, dans l’édition de bandes dessinées et de romans graphiques, les moyens financiers importants font défaut, et le chemin est long et semé d’embûches. Pour cette raison, souvent, le résultat est que l’aventure s’arrête avant d’avoir eu la chance de décoller. Ceci dit, je garde espoir que le vent tourne pour l’édition de bandes dessinées et de romans graphiques en Afrique.  

 

Ma vision 

Ma vision de la publication de livres chrétiens en Afrique est pleine d’espoir. L’industrie de la bande dessinée n’en est qu’à ses débuts. Nous avons besoin de plus de moyens financiers pour imprimer et promouvoir les livres. Nous devons faire connaître nos livres en utilisant les réseaux sociaux existants, en créant des blogs qui informent les gens et améliorent le profil de l’industrie. C’est ce que je fais pour réaliser mon travail d’artiste et faire connaître mes bandes dessinées dans le monde entier.  

En Afrique, les gouvernements doivent s’efforcer de réduire le coût des matériaux nécessaires à la production de livres (encre, papier, etc.). Ils doivent s’efforcer de fournir des subventions aux éditeurs afin de les aider à poursuivre leurs publications et leur permettre de vendre des livres à moindre coût. Ces éléments pourraient aider les éditeurs à devenir autonomes. Un livre n‘est pas une marchandise comme le pain. Dans l’édition, devenir économiquement rentable prend du temps ; le retour sur investissement est plus long à atteindre. Cela demande de la persévérance et du courage de notre part. Bien que l’édition ne soit pas facile, elle est passionnante  

Avec DIEU, nous serons victorieux. 

 

 

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Benjamin Kouadio

Benjamin Kouadio – Illustrateur, auteur, éditeur de bandes dessinées et professeur d’art. Benjamin s’est reposé de ses oeuvres en mai 2019.

Hommage au Révérend Nicodème ALAGBADA

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Article By Africa Speaks

Le Révérend Professeur Ibiladé Nicodème ALAGBADA, Directeur des Éditions CLÉ de Yaoundé a été rappelé au Seigneur dans la matinée du 6 février 2023.  

Né en 1959 à Takon, au Bénin, le Rév. ALAGBADA a été Président de l’Eglise Protestante Méthodiste du Bénin de 2010 à 2017. Il a également cumulé les fonctions de Vice-Président du Cadre de Concertation des Confessions Religieuses (CCCR), Président du Conseil d’Administration de l’Université Protestante d’Afrique Centrale (UPAC) au Cameroun, et membre de la Coalition Nationale pour la Paix au Bénin.  

Professeur de l’Ancien Testament, il est l’auteur de plusieurs publications religieuses et théologiques donc les ouvrages suivants traitant de la lutte contre la corruption dans l’église et dans la société. 

Le prophète Michée face à la corruption des classes dirigeantes (Globethics.net, 2013). Dans cet ouvrage, le Rev. Alagbada relate les contextes sociopolitiques, économiques et religieux du 8e siècle av. J-C qui ont favorisé l’éclosion de la corruption aux multiples facettes dans le royaume de Juda. Le prophète Michée face à cette corruption de ces dirigeants et animé par le souffle de Dieu, rempli de courage, de force et d’esprit de jugement, se présente comme un paradigme de la responsabilité ou de l’autorité prophétique de l’Eglise face à ces déviances de son époque.  

Résister à la corruption. Réflexions théologiques sur Michée 3.1, 8 (Editions Croix du Salut, 2020). Dans cet ouvrage, l’auteur présente le prophète Michée comme un prophète de notre siècle en matière de résistance à la corruption, l’impunité et l’iniquité dans toutes ses formes. La résistance du croyant face aux faits de corruption est l’expression de la crédibilité et de l’audace de la foi qui anime et ranime le souffle de Dieu qui le remplit de force, de courage et de discernement. Résister à la corruption par la foi, c’est faire preuve de la connaissance du droit et de le défendre pour que la justice sociale et la droiture soient respectées.  

En Avril 2018, le Rév. Nicodème ALAGBADA devient le Directeur des Editions CLÉ à Yaoundé, succédant ainsi au Rév. Dr Simon Kossi Dossou. Les Editions CLÉ (Centre de Littérature Évangélique) ont été créées en 1963 par les églises protestantes de plusieurs pays d’Afrique, devenant ainsi la première maison d’édition d’Afrique noire francophone. Situées à Yaoundé au Cameroun, les Editions CLÉ ont pour mission de produire des livres traitant de la littérature générale, de la théologie et l’anthropologie. 

« Sa mort laisse un grand vide au sein du consortium LivresHippo, la plateforme des éditeurs évangéliques d’Afrique francophone », déclare Georges Late, responsable des Editions PBA au Bénin.  

LivresHippo est une plateforme de coédition dans laquelle les Editions CLÉ à Yaoundé, Les Editions PBA (Presses Bibliques Africaines) au Bénin, et CPE (Centre de Publications Évangélique) en Côte d’Ivoire collaborent pour produire des livres de référence en français, écrits par des auteurs africains. C’était l’un des nombreux projets sur lesquels travaillait le Rév. Alagbada les jours précédant son décès.  

Rejoignez Africa Speaks alors que nous prions pour que le Seigneur réconforte la famille, l’église et les partenaires de mission, et qu’Il les soutienne et les guide à travers cette épreuve. 

 

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Africa Speaks

Nous sommes un réseau international informel de professionnels engagés pour une industrie florissante de l’édition chrétienne en Afrique.

Les obstacles à l’édition chrétienne en Afrique

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Article By Africa Speaks

 

Il existe de nombreux obstacles qui entravent l’édition chrétienne en Afrique – les finances, le manque d’expérience, les infrastructures, l’instabilité politique. Mais au bout du compte, nous devons nous rappeler que notre appel vient de Dieu, et que nos plus grands obstacles sont spirituels. « Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. »

 

Les auteurs et le contenu

Il n’y a pas assez de contenu local de qualité ou de livres vraiment excellents écrits par des Africains. Des documents occidentaux sont disponibles, mais les Africains ne sont pas autorisés à écrire et à éditer eux-mêmes. L’Afrique est habituée à lire du contenu occidental, ce qui fait que le contenu local écrit par des auteurs locaux a donc du mal à trouver un lectorat.

Les auteurs émergents ont besoin d’une formation pour améliorer leurs compétences rédactionnelles. Il y a une trop grande dépendance à l’égard de la traduction et par conséquent, peu d’initiatives sont prises pour former les écrivains ou pour entreprendre le travail fastidieux de formation des auteurs inexpérimentés.

La perception des écrivains africains, malheureusement, a également créé un obstacle. En raison du manque de formation de qualité et d’options d’édition, beaucoup ont choisi de s’auto-publier. Ce qui a créé une mauvaise perception des écrivains africains. Lorsque la qualité des œuvres est mauvaise – mal écrites, pleines de fautes – cela discrédite les auteurs.

 

Le marché

L’Afrique souffre de taux d’analphabétisme et de l’absence d’une culture de la lecture et de l’écriture. Beaucoup associent la lecture au « travail » (comme dans les devoirs scolaires) et non au « plaisir », (le plaisir de lire dans des contextes autres que l’éducation). Il est nécessaire de développer des stratégies pour motiver les lecteurs africains vivant dans des contextes oraux et d’envisager sérieusement les livres audio ou les livres électroniques en format visuel.

À cause de la pauvreté (y compris les faibles niveaux de revenus en dehors des grands centres urbains), les lecteurs ne sont pas en mesure d’acheter de la littérature, ce qui rend l’édition financièrement irréalisable.

Il existe également un marché potentiel très vaste et très jeune, mais peu de livres pour enfants et un public très restreint en raison du faible pouvoir d’achat des ménages, des écoles et des églises. En RDC, par exemple, les enseignants reçoivent environ 50 dollars, un salaire trop faible pour survivre et encore moins pour se permettre le luxe d’acheter un livre.

 

Industrie, infrastructure et coûts

Les normes et modèles occidentaux en matière d’édition sont coûteux et ne sont souvent pas applicables dans un contexte africain, de sorte que les méthodes d’édition traditionnelles et plus centralisées ont donc eu un succès limité dans l’établissement d’une industrie de l’édition véritablement africaine. Le coût de publication est très élevé. Les initiatives d’édition indigènes languissent sans les incessantes subventions occidentales et pourtant, la majorité des lecteurs africains n’ont que peu d’accès à la plupart des livres publiés, et trop souvent ne peuvent se les offrir.

Il faut des infrastructures adéquates au sein d’économies stables pour que l’industrie de l’édition chrétienne puisse se développer et prospérer. Une infrastructure appropriée comprend la technologie, les ressources humaines, les compétences, etc. Dans certains endroits, l’instabilité politique perturbe les économies, ce qui, à son tour, entrave la croissance des infrastructures adéquates.

Il faut davantage d’éditeurs qui connaissent les réalités socioculturelles des lecteurs africains et qui prêtent attention aux réalités contemporaines. Les auteurs africains ont peu d’endroits pour publier ce qu’ils écrivent et trop peu de professionnels de l’édition pour les aider, notamment les éditeurs et les spécialistes du marketing. Avec un manque d’initiative, d’esprit d’entreprise et de moyens financiers, les quelques maisons d’édition chrétiennes qui existent ne peuvent fournir qu’un service minimum. En conséquence, les auteurs potentiels ne sont pas identifiés et les auteurs existants ne sont pas motivés ou encadrés. Les éditeurs manquent également de contrôle et d’accès aux produits à succès qui peuvent développer leur activité.

Les initiatives d’édition chrétienne ont rarement commencé par un modèle de commerce/entrepreneuriat. Tôt ou tard, les fondateurs réalisent que l’édition est un concept commercial autant qu’une aventure ministérielle. La plupart des dirigeants chrétiens ne sont pas préparés ou n’ont pas les compétences nécessaires pour gérer l’aspect commercial, et ils se retrouvent désillusionnés. De nombreux projets d’édition s’effondrent en moins de cinq ans.

De nombreux auteurs et éditeurs ne sont pas au courant des normes d’édition ou ne peuvent se permettre de recourir à des services professionnels pour s’assurer que leurs livres sont conformes aux normes.  La formation est nécessaire pour améliorer les compétences à tous les niveaux de la production. Lorsque les gens ont l’intention de publier, le manque d’expérience et de formation les freine souvent.

Il n’existe pas de structure facilement identifiable pour le commerce du livre en Afrique, comme c’est le cas en Europe et en Amérique du Nord. C’est pourquoi les auteurs africains s’auto-publient souvent. Et quelle que soit la méthode de publication, le réseau de distribution est très informel, comme par exemple les relations non commerciales avec les églises. Des initiatives souvent bien intentionnées favorisent des attitudes irréalistes concernant la création, la production et la distribution de la littérature chrétienne, tout en déformant le fonctionnement « normal » d’une industrie de l’édition chrétienne. Les membres de l’industrie du livre en Afrique fonctionnent plus souvent comme des entreprises autonomes, incapables d’écouter et de s’engager dans un véritable partenariat. Et lorsque les bibles et d’autres produits sont écoulés en grandes quantités, les prix tombent à un niveau insoutenable (comme l’exemple de Walking with the Poor).

 

 

Le coût de la publication reste un obstacle important. L’Afrique compte certains des pays les plus pauvres du monde, mais les dépenses ne peuvent être réduites que dans une certaine mesure.

Il y a peu d’imprimantes professionnelles de bonne qualité et celles qui existent sont trop chères. Les imprimeurs africains ne sont pas encore à la hauteur des normes, de l’excellence et de la qualité des pays les plus avancés en matière d’impression, comme l’Inde et la Chine. L’impression, le papier, l’encre, l’énergie électrique et la distribution physique des livres sont très coûteux. Un livre de 200 pages imprimé en 3000 exemplaires coûte localement 3 dollars alors qu’en Asie, il peut être produit à 0,80 dollar. Les gouvernements africains peuvent exempter le papier et l’encre de l’importation, mais cette issue est incertaine. Les taxes sur les livres et autres ouvrages ont largement contribué à l’augmentation du prix de vente conseillé des livres.

La logistique reste un problème – comment faire passer les livres de l’écrivain ou de l’éditeur au lecteur ? Les importations de livres en Afrique sont très coûteuses, ce qui rend le prix de détail prohibitif pour de nombreux lecteurs. L’expédition à l’intérieur du continent peut être exorbitante, ce qui nécessite davantage de solutions locales d’impression à la demande. Des services postaux et des fournisseurs d’accès à Internet médiocres (ou inexistants) perturbent la livraison du contenu. Les distances, les routes inadéquates et les problèmes de passage des frontières rendent la distribution difficile et coûteuse. Ces problèmes de commerce transnational entravent la distribution panafricaine.

Les mouvements de fonds et la fluctuation des devises posent également des problèmes. Lorsqu’un livre est publié dans un pays et vendu dans un autre, il est souvent très difficile pour les libraires de trouver des devises étrangères pour payer les livres qu’ils veulent.

En raison de ces problèmes de coût et de distribution, les livres ne sont pas facilement accessibles à la population. La distribution localisée est incapable de générer l’échelle et les marchés nécessaires. Il n’y a pas beaucoup de librairies ou de canaux de distribution traditionnels en dehors des principaux centres commerciaux, et même dans plusieurs grandes villes, il y a trop peu de magasins. Les librairies locales sont souvent trop petites pour avoir une bonne sélection de titres.

Le marketing est presque inexistant en raison du coût très élevé. Les réseaux de radiodiffusion ne fonctionnent souvent pas correctement, et l’Afrique francophone, en particulier, manque de réseaux de radiodiffusion. Sans opportunités de marketing, le grand marché n’est jamais au courant des nouveaux produits, et les invendus languissent.

L’explosion de la technologie numérique, des applications mobiles et d’autres outils interactifs crée une nouvelle scène dans le secteur. Mais les livres électroniques et les bibliothèques virtuelles dépendent d’appareils encore très coûteux.

Les guerres, les conflits locaux et le terrorisme contribuent à l’instabilité de nombreux pays. La corruption reste souvent un problème, que ce soit au sein du gouvernement ou des organisations. Les guerres civiles, les droits d’importation, les taxes de vente, les taux d’intérêt élevés, un leadership national et local mauvais ou inadéquat, et les crises politiques et sociales sont autant d’obstacles aux efforts d’édition, de marketing et de distribution.

La faiblesse de la recherche et l’absence d’une dynamique de marché efficace signifient que l’industrie ne dispose pas des informations dont elle a besoin. Il est très difficile d’obtenir des données sur les livres publiés, qui les lit et où ils se trouvent, à des fins de planification, même au sein d’un même pays.

Mais en dépit de ces nombreux obstacles, l’église en Afrique fait confiance au Dieu tout-puissant pour accomplir ses desseins à travers l’enseignement solide et le contenu biblique qu’elle produit. Et les desseins de Dieu ne peuvent être contrecarrés.

 

 

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Africa Speaks

We are an international network of professionals committed to a flourishing Christian publishing industry in Africa.

Livr’Afrique : Fournir des Bibles et des livres chrétiens à des prix abordables pour l’Afrique francophone

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Article By Eric Immer

Qu’on soit étudiant ou enseignant en théologie, simple lecteur ou colporteur, si on cherche un commentaire biblique, une bible ou un livre chrétien dans la ville de Yaoundé, on sera inévitablement dirigé vers la librairie chrétienne L’Eau Vive, qui est le point relais de Livr’Afrique à Yaoundé.

Livr’Afrique est une association basée à Valence en France, dont le but est de favoriser la diffusion et la vente de livres chrétiens à bas prix en Afrique et dans les pays francophones en voie de développement. Créé en 1996 avec l’aide des principaux éditeurs protestants évangéliques francophones, ce ministère est un support pour les missions et églises locales en forte croissance. Les Bibles, les commentaires et les livres d’étude sont diffusés en priorité.

Des éditeurs aux libraires

Livr’Afrique travaille depuis la France essentiellement avec des éditeurs occidentaux laissant aux diffuseurs locaux la responsabilité de faire des partenariats avec les éditeurs locaux.

Il y a actuellement 13 diffuseurs point relais dans 10 des principaux pays d’Afrique francophone et Haïti : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Haïti, Madagascar, RDC, Tchad, Togo. Ces diffuseurs sont visités, formés et approvisionnés régulièrement. Les libraires et colporteurs locaux peuvent s’approvisionner et réceptionner facilement sur place, selon leurs besoins.

 

Relever les défis de la crise sanitaire

Depuis la crise du Covid-19, Livr’Afrique ne peut plus fonctionner avec des dépôts comme par le passé. L’achat de livres en grande quantité chez les éditeurs est devenu difficile car l’impression numérique est devenue habituelle et le manque de trésorerie nous touche tous. Nous avons changé nos pratiques et travaillons maintenant en flux tendu avec les éditeurs partenaires chez qui nous commandons selon les demandes de nos clients pour ensuite expédier.

Les livres sont disponibles via le site internet www.livrafrique.com et distribués à travers un réseau de diffuseur “point relais” (anciens dépositaires). Les tarifs de Livr’Afrique affichés sur le site web sont « transport compris » jusqu’au point relais. Pour les libraires qui sont trop éloignés des points relais nous expédions à leur boite postale. Les clients, selon leurs statuts ont des remises sur les prix publics affichés.

Le plus gros défi aujourd’hui est la trésorerie. Du côté français, Livr’Afrique a négocié des prix sur des volumes annuels et commande selon les besoins auprès des éditeurs. De nombreux éditeurs occidentaux sont aussi en crise suite au covid et à la guerre en Ukraine ce qui a fait beaucoup augmenter les prix d’achat ces derniers mois (jusqu’à 40% sur le papier). Cela est très préjudiciable aux petits éditeurs qui sont de moins en moins représentés par Livr’Afrique, car de petites commandes coûtent plus cher à l’achat et à la livraison, ce qui fait augmenter le prix de vente.

 

Livr’Afrique pour une industrie de l’édition chrétienne florissante en Afrique francophone

L’objectif de base était de créer des diffuseurs locaux en capacité de diffuser les titres des éditeurs occidentaux et locaux. Les difficultés économiques et financières ainsi que l’évolution très rapide de tout le système administratif et fiscal de l’Afrique francophone ont rajouté de nombreuses difficultés. Nous constatons que plus de 60% des libraires ne sont pas encore enregistrés correctement dans les registres de commerce et du point de vue fiscal. Peu de librairies ont des outils de gestion leur permettant de tenir leur stock et de faire un compte de résultat et un bilan financier. Cela est très préjudiciable dans le commerce international et le deviendra très vite pour eux au niveau local. L’idéal serait que les éditeurs occidentaux et africains puissent être imprimés à la demande dans les différents pays, mais restent à trouver des personnes de confiance à qui ils accepteront de céder les droits d’impression. Livr’Afrique facilite le lien entre les éditeurs et les diffuseurs des différends pays.

 

Où aller

Pour entrer en contact avec Livr’Afrique, les libraires et autres clients peuvent les contacter par email, téléphone ou le site internet. Pour ce qui est des éditeurs, il y a une réserve. Etant donné que nous répondons à la demande des diffuseurs et libraires que nous servons, si un titre n’est jamais demandé, il y peu de chance qu’il soit présent sur notre site internet. Nous le regrettons car nous souhaiterions le rendre visible, mais ce n’est parfois économiquement pas rentable, mais nous répondons généralement à toutes les demandes.

 

Notre ministère est limité à la francophonie, mais il existe des missions et des maisons d’édition qui font de beaux efforts pour accompagner les éditeurs, les libraires et la diffusion de littérature anglophones. Connectez-vous à Africa Speaks et entrez dans le réseau !

 

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Eric Immer

Eric Immer is the Director of Livr’Afrique 

Sauvegarder la vérité : le contenu ou la forme

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Article By Solomon Andria

 

Le consumérisme 

Dans un monde consumériste comme le nôtre, produire autant que possible et au plus vite peut facilement devenir la norme. Les éditeurs n’échappent pas à cette règle ! L’accent est ainsi mis sur le marketing, plutôt que sur le message à transmettre. 

Les maisons d’édition chrétiennes doivent marquer la différence. Les éditeurs doivent produire des ouvrages qui sont dans la vision de Dieu, qui répondent aux besoins exacts du lecteur de notre siècle. Ainsi, après la lecture d’un livre, le lecteur fait un pas de plus vers la connaissance des vérités de Dieu, vers Dieu lui-même. 

 

Les défis des éditeurs 

Le premier défi consiste à résister aux titres ou thèmes à la mode dans le seul but d’attirer des lecteurs potentiels. Nous sommes depuis quelques décennies dans le monde postmoderne. C’est un monde qui s’intéresse moins à la réflexion et plus aux émotions. Il encourage l’attachement aux phénomènes sensationnels. Il promet le bonheur immédiat sans effort, la prospérité et le succès visible. Nous comprenons alors facilement le succès des tenants de la théologie de la prospérité en Afrique. 

Alors, des éditeurs peuvent être tentés de produire ce que le lecteur exige. Ils optent pour des écrits dont le contenu attire et la forme littéraire séduit. Ce qui conduit inévitablement aux doctrines qui plaisent, aux enseignements qui sèment la confusion et induisent en erreur.  

Un autre défi est de savoir comment intéresser la jeune génération à la littérature. La génération présente est attirée par le visible et l’audible plus que par le lisible. Les images et les couleurs remplacent les écrits, et la tablette le livre ! Ce qui appauvrit et même paralyse intellectuellement. 

 

Les responsabilités des éditeurs 

Face à ces défis, des responsabilités sont requises aux éditeurs mais aussi aux rédacteurs. Il leur faut : 

  • Être à l’écoute du monde pour connaître les réalités intellectuelles et culturelles, les préoccupations fondées ou non fondées de la présente génération ; 
  • Repérer les sujets et les thèmes à la mode, comme la prospérité, le succès dans les affaires, le mariage pour tous, les promesses de bonheur, de miracles ; 
  • Repérer le sensationnel au détriment du spirituel — des auteurs considèrent en effet comme spirituel ce qui est sensationnel ; 
  • Être familier du langage en vigueur, étant donné que chaque génération est marquée par un langage précis –la langue elle-même évolue dans le temps et dans l’espace ;  
  • Connaître l’histoire de l’Église, en particulier l’histoire des dogmes. Les principales controverses doctrinales ont eu lieu pendant les cinq premiers siècles de notre ère. La plupart des débats théologiques ont été traités pendant cette période.  
  • Faire la différence entre l’essentiel et le secondaire dans la doctrine chrétienne. L’essentiel de la doctrine chrétienne est résumé par les trois vérités cardinales de la Réforme : par l’Écriture seule, par la grâce seule, par la foi seule. Ces vérités mettent l’accent sur l’inspiration plénière de l’Écriture et l’interprétation de l’Écriture sous l’éclairage de l’Esprit. 
  • Considérer la triade biblique dans l’interprétation et la compréhension des données bibliques : Création, Chute et Rédemption. 
  • Vérifier le fondement biblique des idées exprimées dans le texte, car certains auteurs invoquent des versets bibliques pour justifier leurs propres idées, pour se justifier. 
  • Repérer les exactitudes des faits dans l’histoire, l’utilisation appropriée des citations ou des dictons… 
  • Considérer la cohérence entre le titre et le contenu, mais aussi entre le contenu et la forme, sachant que la forme littéraire aide à comprendre le contenu ou à cacher un message ! La forme inclut le vocabulaire, la syntaxe, l’orthographe et même la ponctuation ! Par exemple, la place d’une virgule dans une phrase est déterminante pour le sens du message exprimé. 
  • Développer un dialogue fraternel avec le rédacteur, et surtout avec l’auteur, sachant que dans le processus de publication, l’auteur propose son manuscrit au rédacteur, et le rédacteur soumet le texte révisé à l’éditeur. 

 Bref, l’éditeur chrétien doit avoir une connaissance de base, de l’Écriture et de l’environnement, pour pouvoir repérer les subtilités volontaires et involontaires dans le texte, les fausses doctrines présentées dans un style littéraire attrayant.  

Le rôle de l’éditeur, c’est d’aider l’auteur à communiquer d’une manière intelligible et dans un style agréable les grandes vérités. Dans tout le processus, le rôle de l’éditeur est décisif, car il se trouve au bout de la chaîne. C’est ainsi que les maisons d’éditions en Afrique aident l’Église à témoigner jusqu’au retour de Jésus-Christ. 

 

 

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Solomon Andria

Solomon Andria was professor of Systematic Theology at the Faculty of Evangelical Theology of the Christian Alliance in Abidjan for 20 years, and the coordinator of LivresHippo in the Langham Partnership Literature Department in Francophone Africa. He is the author of several books including Église et mission à l’époque contemporaine (CLE, 2007), Initiatives théologiques en Afrique (LivresHippo, 2016). He chaired the board of the Africa Bible Commentary and has overseen the French and Malagasy translations. He has made a major contribution to the African Biblical Commentary, serving as one of the theological editors of the New Testament and overseeing the production of the French edition, the Commentaire Biblique Contemporain.

Planter des graines d’Alfirin

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Article By Gathuku Kibunga
Les graines d’Alfirin

L’une des séries de films que j’ai regardées avec Maggie et les enfants pendant les vacances de Noël était Le Seigneur des Anneaux : Les anneaux du pouvoir, basé sur le roman Le Seigneur des anneaux et ses annexes de J. R. R. Tolkien. Face à l’imminence des ténèbres et de l’anéantissement dans la bataille pour les terres du Sud, le héros (Arondir) et le méchant (Adar) plantent les graines d’alfirin dans le sol – dans l’espoir que quelque chose de nouveau pousse après la guerre. Dans la tradition elfique, cela représente l’espoir éternel de la vie après les ténèbres les plus sombres. Ils récitent tous deux la déclaration tout en tenant les graines… « la vie au mépris de la mort » !

2020-2022 ressemble à une scène du Seigneur des Anneaux, avec des batailles qui font rage les unes après les autres : Covid-19, la guerre du Tigré en Éthiopie, les attaques terroristes dans le nord du Nigeria, les coups d’État militaires au Burkina Faso, les troubles au Mali, sans oublier la guerre en Ukraine. De nombreux Africains vivant dans ces nations ont dû ressentir le désespoir.

Une scène du film Le Seigneur des Anneaux : Anneaux de Pouvoir. SOURCE : Magazine GQ

 

2023

Et il y a encore tant à craindre en 2023.   
 
L’Afrique organise six élections présidentielles dans certaines de ses nations politiquement instables. Qu’est-ce que cela signifie pour la vie et la paix de ces nations ? Qu’en est-il de leurs économies et de l’effet de ricochet sur le commerce transfrontalier ?   

La récente épidémie de Covid en Chine en décembre 2022 menace à présent de se manifester à nouveau. Comment l’Afrique y survivra-t-elle cette fois-ci ?   
 
La guerre en Ukraine, qui s’est prolongée plus longtemps que quiconque aurait pu l’imaginer – déclenchant un effet d’entraînement dévastateur sur les économies africaines – va-t-elle s’aggraver en 2023? 
 
Les professionnels de l’édition chrétienne vivent une saison tout aussi difficile dans leur service.  
Fin novembre, j’ai rendu visite à Harriet, la propriétaire de la librairie chrétienne Beulah à Accra. Elle a dû vérifier le taux du dollar auprès de son banquier avant que nous puissions finaliser un achat dans sa librairie ! Le Cedi devenait si instable que les commerçants devaient régulièrement vérifier le taux quotidien. À un moment donné, il avait atteint un sommet de 15 cedis pour 1 USD. Elle comptait les pertes, mais elle et son mari ont continué à garder leur librairie ouverte! Comment le Ghana va-t-il gérer la restructuration de sa dette extérieure ? Comment d’autres pays comme le Kenya vont-ils gérer cette question délicate ? Quelles en seront les conséquences pour l’édition ?  
  
Il y a quelques mois à peine, le travail éditorial d’Ivanova Fotso était fréquemment interrompu par l’instabilité de l’approvisionnement en électricité à Yaoundé. Les jeunes Camerounais qui disposaient d’articles tels que le gaz domestique, l’huile de cuisine et leur carte d’identité nationale postaient fièrement leurs photos en ligne pour exprimer le privilège qu’ils avaient d’être en possession de ces articles de base. L’année 2023 sera-t-elle meilleure ?    
 
Au moment où nous parlons, il y a un conflit politique en cours dans l’Est de la République démocratique du Congo, près de Goma, où notre frère Jean Pasteur, de la CBCA, est basé. La guerre en RDC avec les rebelles du M23 va-t-elle se prolonger en 2023 ? Comment cela affectera-t-il le projet de la CBCA d’installer une imprimerie à Goma ?   
 
Le Burkina Faso a connu un coup d’État militaire et notre sœur, le Dr Joanna Ilboudo, y dirige une maison d’édition. En plus de l’instabilité politique, son mari est décédé. Nous sommes en deuil avec elle ! Cela semble être une année très difficile pour son ministère et sa famille.

 

Cependant… 

Qui aurait cru que le continent dont on craignait qu’il ne soit dépassé par l’Islam en 1910 deviendrait le plus chrétien en 2018 ?   Qui aurait pensé que le Rwanda se relèverait de son génocide dévastateur et serait publié par le magazine TIME parmi 50 destinations touristiques extraordinaires dans les meilleurs endroits à visiter dans le monde en 2022 ? Qui aurait imaginé que l’Égypte construirait une nouvelle ville à partir de rien, dix ans à peine après le printemps arabe ?   Qui aurait pensé que le Maroc deviendrait la première nation africaine à atteindre les demi-finales de la Coupe du monde de la FIFA ?    Qui sait ce que Dieu fera en 2023 pour renverser le sombre tableau qui écrase notre vision d’une édition chrétienne florissante en Afrique ? Si vous êtes comme moi, vous oubliez souvent de tenir compte de la main souveraine invisible de Dieu qui façonne son monde selon ses desseins. Nous sommes surpris par des événements inattendus qui retournent complètement la situation.    
 
Parce que nous croyons que notre Dieu est souverain et qu’il a des ressources et une puissance qui dépassent notre imagination, nous répondons par la foi et non par la vue. Nous nous engageons à prier avec ferveur tout en continuant à PUBLIER par la foi dans et à travers les saisons sombres !   
 
En tant qu’éditeurs et libraires chrétiens, nous portons cette confiance divine comme des phares d’espoir et de vie dans nos nations. Nous prions avec sérieux et ferveur pour que l’évangile du salut de Dieu avec une espérance éternelle soit proclamé et publié, même lorsque toutes les réalités politiques et économiques montrent le contraire. Nous continuons à publier en période d’agitation politique et de difficultés économiques parce que nous avons foi dans la puissance des mots que nous écrivons.   
 
Puissiez-vous planter des « graines d’alfirin » là où seule l’obscurité est visible pour votre vision humaine. Puissiez-vous porter cet espoir tenace qui refuse de se résigner à toutes les prédictions pessimistes des médias concernant les ténèbres, la morosité et même la mort dans votre pays, car dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés.  

Rejoignez Africa Speaks alors que nous plantons des « graines d’alfirin » dans l’édition chrétienne, en mettant en réseau les professionnels du monde entier pour établir une industrie de l’édition chrétienne viable et prospère en Afrique et devenir un réseau professionnel florissant. 

 

 

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Gathuku Kibunga

Gathuku Kibunga is the current Executive Secretary of Africa Speaks.

Célébration de l’œuvre de Pieter Kwant pour la littérature chrétienne

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Article By Africa Speaks

Pieter Kwant, membre d’Africa Speaks, a annoncé sa retraite du Langham Partnership à compter de la fin de cette année. Les dirigeants chrétiens africains sont reconnaissants à Pieter pour le rôle qu’il a joué dans l’Africa Bible Commentary et à travers Langham Literature, mettant des livres évangéliques à la disposition des institutions théologiques à travers le continent.

Dans une vidéo YouTube récente, Pieter a parlé du rôle d’Ecclésiaste 11 dans sa vie de foi, faisant confiance à Dieu pour prendre soin des résultats de projets à plus long terme pendant qu’il reste fidèle dans son rôle d’éditeur et de distributeur.

Pieter Kwant discutant avec le secrétaire exécutif d’Africa Speaks, Gathuku Kibunga.

Pieter Kwant est un passionné de culture, notamment de l’art, la musique et le cinéma; mais il a consacré sa vie au service du Seigneur à travers les livres. Originaire des Pays-Bas, Pieter raconte avec nostalgie sa première rencontre avec des livres théologiques dans une librairie en Afrique du Sud. Après avoir sorti un livre de l’étagère, il était resté sur place pour en dévorer le contenu. Le propriétaire de la librairie espérait sans doute qu’il allait payer pour cela après avoir tout lu! Par la suite, Pieter a acheté ce livre avec beaucoup d’autres, et il en achète toujours jusqu’à présent.

C’est également en Afrique du Sud que Pieter a rencontré sa femme, Elria, et c’est là qu’il a commencé son premier emploi dans le commerce du livre chrétien. Il a ensuite géré et possédé une librairie et trouvé de nombreuses façons imaginatives de présenter ses livres à des clients potentiels, en particulier des étudiants. Mais Dieu a finalement ramené Pieter en Europe, cette fois au Royaume-Uni où lui et Elria ont élevé leurs quatre fils. Pieter a d’abord travaillé pour IVP, puis pour Paternoster où il a ouvert la voie à la publication de monographies théologiques et bibliques, avant de créer sa propre maison d’édition et agence de livres, Piquant.

Finalement, Pieter a été appelé à Langham Partnership pour être le directeur du programme de littérature, se concentrant sur le financement des institutions du monde majoritaire avec des livres théologiques évangéliques pour les bibliothèques et les étudiants, le développement et la formation d’écrivains et d’éditeurs, et des partenariats pionniers pour produire des projets de livres exceptionnels tels que l’Africa Bible Commentary.

La nécessité de doter les collèges et les séminaires de livres contextuellement pertinents a conduit Pieter à lancer une initiative d’édition à long terme. Langham Creative Projects a été formé et a publié plus de 160 titres.

Pieter prévoit de poursuivre le travail de Piquant Editions et Piquant Agency, et a hâte de rendre visite à ses enfants en Nouvelle-Zélande qu’il n’a pas vus depuis plusieurs années.

Pieter Kwant est l’auteur des ouvrages: Inside the Rainbow: Seeing and Doing the Book of Revelation (Vol 1) qui se concentre particulièrement sur Apocalypse 1-3; et Inside the Rainbow 2: Throne and Seals, qui s’appuie sur Apocalypse 4-8:1.

 

Africa Speaks se joint à Langham Partnership pour remercier Dieu pour l’incroyable travail de Pieter Kwant pour la littérature chrétienne au fil des décennies et prier pour les riches bénédictions de Dieu dans cette prochaine étape de sa vie.

Le contenu a été modifié à partir du profil du personnel du Langham Partnership, janvier 2018 ©2022 Langham Partnership

 

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Africa Speaks

We are an international network of professionals committed to a flourishing Christian publishing industry in Africa.

Relever les défis de l’édition à Yaoundé

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Article By Africa Speaks

 

CLEF Ministries

En janvier 2023, la troisième promotion du cours d’édition débutera au Centre de formation professionnelle CLEF situé à Yaoundé au Cameroun, en collaboration avec la Fondation africaine pour le développement du livre et son département de formation, l’Institut africain du livre.

Le cours d’édition est l’une des nombreuses activités menées par CLEF Ministries (Christian Literature and Education Foundation), une organisation orientée vers l’action, non gouvernementale et à but non lucratif qui cherche à initier des projets et à faciliter les échanges interreligieux et la coopération interconfessionnelle entre les chrétiens et les églises du Cameroun.
CLEF Ministries vise à promouvoir la compréhension et la coopération entre les chrétiens de toutes les confessions en entreprenant des projets de développement pour le bien commun, et à promouvoir la littérature chrétienne par la production et la distribution de littérature chrétienne et d’autres supports pédagogiques.

 

Les débuts de CLEF MINISTRIES

« L’idée de commencer un ministère est venue de ma femme et de moi-même, ceci afin d’évangéliser à travers sa musique et mes activités de distribution et d’édition de littérature chrétienne, » déclare Mr Buma Kor Dickson, fondateur et secrétaire exécutif de CLEF MINISTRIES.

En effet, Mme Buma-Kor Claudia, connue par son nom d’artiste, Aunty CLO, est une chanteuse de gospel qui a à ce jour 7 albums de musique chrétienne à son actif, dont la plupart peuvent être trouvés sur YouTube.

M. Buma Kor Dickson est éditeur et consultant en développement de livres à Yaoundé, au Cameroun. Il anime des ateliers de formation à l’écriture et à l’édition et donne des conférences à Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ESSTIC) de l’Université de Yaoundé I, à l’Université de Buea et à l’Université chrétienne du Cameroun à Bali, Bamenda, région du Nord-Ouest. Auparavant, il était directeur des opérations pour Oxford University Press, Royaume-Uni, au Cameroun, et responsable de la publication des programmes de formation au Centre de l’UNESCO pour la promotion du livre en Afrique (CREPLA).

M. Buma Kor est également formateur auprès de Media Associates International (MAI) et l’ancien APNET, le réseau des éditeurs africains. Avec le soutien de MAI, CLEF Ministries a organisé le premier séminaire des écrivains chrétiens au Cameroun en mars 2020 au Presbyterian Church Hall (PCC) de Bastos à Yaoundé, suivi d’une conférence ZOOM en 2021. Suite à ces séminaires, un forum d’écrivains chrétiens du Cameroun a été créé, et le premier projet commun réalisé a été la rédaction d’un recueil d’articles sur « Ce que Dieu nous a enseigné à travers la crise sanitaire COVID-19 ».


CLEF Ministries dans l’édition et la distribution de livres

L’un des mandats de CLEF Ministries est de publier, produire et distribuer de la littérature chrétienne et d’autres matériels pour l’éducation et la lecture générale. Les livres produits et publiés par CLEF comprennent :
The Family Prayer par le révérend Dr Michael Bame Bame (1982) – Une réflexion sur le Notre Père et la signification de chaque phrase pour nous encourager à modeler nos propres prières en conséquence. In Defense of the Cross par Buma Kor – recueil de sermons encourageant la croissance chrétienne et la compréhension des évangiles de Jésus-Christ ; Revival Palava par Buma Kor – Un récit sur les réveils qui ont eu lieu au Cameroun dans les années 1970 et 1980, l’un par le Dr Zacharia Fomum et l’autre par le révérend Dr Bame Bame.

La publication phare de CLEF a été Morning Glory – Une méditation quotidienne non confessionnelle pour la vie chrétienne, édité par M. Buma Kor et écrit par divers pasteurs et chrétiens ; publié également en français et distribué par diverses églises au Cameroun.

« Depuis quelque temps, le coût de l’impression nous a obligés à arrêter l’impression de la version papier. Maintenant dans sa dix-septième année, il est publié en ligne sur Facebook et WhatsApp par abonnement gratuit », explique M. Buma Kor.
Avant Morning Glory, CLEF avait également publié et distribué dans les deux régions anglophones du Cameroun, ainsi qu’à Douala, Bafoussam et Yaoundé, l’hebdomadaire Christian Times, qui s’est arrêté au numéro 10, pour des raisons financières. Cependant, l’espoir de le relancer dans les années à venir demeure, car son existence est toujours pertinente.

Quant à la distribution des livres CLEF, elle se fait par l’intermédiaire des librairies existantes, laïques et chrétiennes, dans tout le pays, en obtenant les livres au prix du distributeur et en les vendant en gros aux librairies, en particulier les Bibles et autres livres de littérature chrétienne d’éditeurs étrangers. Dans certains cas, notamment pour Christian Times et Morning Glory, ils ont été distribués dans les églises, avant le début des services religieux et immédiatement après le service.

 

Les stratégies de CLEF pour relever les défis de l’édition chrétienne au Cameroun

Les défis que rencontrent les éditeurs chrétiens sont nombreux, comme le relève M. Buma Kor dans ces propos : « Je dois dire qu’il y a des défis dans l’édition à tous les niveaux des processus de création, de publication/impression et de commercialisation des livres. La manière dont les éditeurs du Cameroun, et a fortiori de l’Afrique, parviennent à survivre dans un contexte hostile et à poursuivre leurs activités est une preuve de passion, de dévouement et d’amour de la profession. Ce n’est pas l’argent qui compte mais, surtout pour la littérature chrétienne, la passion. »

L’un des défis à relever est celui de la rédaction. Il est difficile d’obtenir de bons manuscrits et de bons éditeurs qui pourraient aider les auteurs à produire des documents publiables. « Dans mon propre cas, j’ai souvent édité moi-même après avoir acquis ce qui, je peux dire, est un bon manuscrit », explique M. Buma Kor.

La formation des écrivains et des éditeurs est encore loin d’être assurée au Cameroun. C’est pourquoi le Centre de formation professionnelle CLEF organise des programmes de formation des éditeurs depuis plusieurs années, pour essayer de réduire le déficit de main-d’œuvre dans le secteur de l’édition. En septembre 2022, les deux promotions combinées ont passé les examens nationaux de qualification supervisés par le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle. La troisième promotion est sur le point de commencer ses études en janvier 2023. L’année prochaine également, la traduction et l’interprétation de conférence au niveau GCE A/BAC et des diplômes du premier cycle seront introduites.

Pour apporter une solution plus globale aux problèmes rencontrés par les éditeurs, M. Buma Kor préconise la mise en place, par les gouvernements des différents pays africains, de politiques nationales du livre et de la lecture (PNLV) et de conseils nationaux de développement du livre (CNDL) en tant qu’instruments de diffusion, de formation et de développement du personnel de l’industrie africaine du livre.

« L’UNESCO a veillé à ce que ces mesures soient mises en place depuis les années 1960 à 1980 et maintenant, c’est l’Union africaine et l’ADEA (l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique) et leurs partenaires qui sont en train d’élaborer le cadre continental de l’UA pour les politiques nationales du livre et de la lecture en Afrique. Nous espérons que ces projets verront bientôt le jour, » a déclaré M. Buma Kor.

 

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Le label KWFN de la qualité de l’édition

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Article By Africa Speaks
Le début

Tout a commencé avec un blog, PaulieMugo.com, qui a reçu une nomination dans la catégorie : « Religion et spiritualité » aux BAKE Awards au Kenya. Alors qu’elle assistait à la cérémonie de remise des prix en mai 2018, Mme Paulie Mugure Mugo, écrivaine et entrepreneure chrétienne, a eu l’idée de créer un réseau d’écrivains chrétiens.
« Bien que j’aie apprécié cette reconnaissance », dit Paulie, « j’avais le sentiment que l’écriture chrétienne était très vaste et qu’elle méritait une attention et un effort beaucoup plus importants. J’ai donc contacté Mme Jane Harel qui travaillait sur un livre, et je lui ai parlé de l’idée de créer une communauté d’écrivains chrétiens. Jane a à son tour contacté Mme Rose Kainda à ce sujet. En quelques semaines, nous avions contacté un certain nombre d’autres écrivains chrétiens et convenu de tenir une réunion pour discuter de la voie à suivre. »
La première réunion s’est tenue en juin 2018 et, dès le mois suivant, au moins vingt auteurs chrétiens s’étaient engagés à rejoindre la communauté, les trois initiateurs assurant respectivement les fonctions de présidente, vice-présidente et secrétaire. Le Kenyan Faith Writers Network compte depuis lors plus de cinquante membres et compte bien poursuivre sa croissance.

Lancement annuel conjoint de livres

L’un des principaux mandats du KFWN est de permettre à ses écrivains d’atteindre un public aussi large que possible. À cet égard, l’une de leurs principales activités est l’organisation d’un lancement annuel de livres, au cours duquel les membres peuvent faire connaître les livres sur lesquels ils ont travaillé au cours de l’année, lors d’un forum commun. Cela permet à chacun d’entre eux de lancer et de commercialiser leurs publications avec d’autres écrivains, à un coût abordable.
Le premier de ces événements a eu lieu en novembre 2018, et depuis, un événement similaire est organisé chaque année. Il rassemble des écrivains, des blogueurs, des éditeurs et d’autres professionnels chrétiens pour un moment de réseautage et de célébration dynamique.
« Grâce à cela, nous espérons attirer une large attention sur nos auteurs, nos livres et nos partenaires via les médias imprimés, radiodiffusés et en ligne », a déclaré Mme Paulie Mugo.


Le lancement annuel conjoint de livres offre les avantages suivants aux membres :

  • Ils peuvent interagir et partager l’aventure de la création de nouveaux livres ensemble au cours de l’année.
  • Les membres peuvent lancer ces livres lors d’une cérémonie commune, partageant ainsi les coûts et les efforts qui en découlent.
  • Les membres peuvent accéder à un public plus large pour leurs livres, car chaque auteur amène ses réseaux à l’événement, qui interagissent ensuite avec toutes les publications, à la fois le jour du lancement et par la suite.

 

  

Depuis sa création en 2018, le KFWN organise chaque année un lancement conjoint de livres et a permis à ce jour de mettre sur le marché près de cinquante nouveaux titres chrétiens.

Les livres lancés lors de cet événement sont sélectionnés et publiés selon un processus spécifique.

Au début de janvier de chaque année, KFWN lance un appel aux membres, demandant à ceux qui ont l’intention de publier un ou plusieurs livres au cours de l’année d’enregistrer leur projet. À ce stade, ils sont invités à envoyer au moins un titre provisoire. Les auteurs continuent ensuite à travailler sur leurs livres pendant les six prochains mois et sont invités à envoyer une première ébauche, sous forme électronique, à l’équipe éditoriale avant le 30 juin. Les livres reçus à cette date sont ensuite vérifiés par l’équipe éditoriale pour s’assurer que chaque livre répond aux normes et exigences du réseau. Tous les commentaires et corrections sont envoyés à l’auteur avant le 31 juillet. Les auteurs intègrent ensuite les corrections et procèdent à l’impression d’une première ébauche. Cette ébauche doit être retournée à l’équipe éditoriale avant le 30 septembre. Un deuxième et dernier contrôle de qualité est effectué et les auteurs reçoivent des commentaires dans une semaine ou deux. Les auteurs impriment ensuite leurs livres, qui peuvent maintenant porter le sceau KFWN, et sont lancés ensemble en novembre.

Outre le lancement annuel conjoint de livres, le KFWN organise également des événements publics de lecture de livres au cours desquels ils font la promotion de livres récemment publiés par leurs auteurs devant un public d’auditeurs. Une autre de leurs initiatives clés est la formation continue des auteurs, et Let’s Shine ! Magazine, l’une des premières publications chrétiennes en ligne du Kenya.

 
Label de qualité et distinctions significatives

Le label KFWN signifie qu’un livre a été revu et approuvé par l’équipe éditoriale de KFWN, et certifie que : l’auteur est membre de KFWN ; le contenu est basé sur l’Écriture et bibliquement valable ; l’écriture, le formatage, la conception et l’impression du livre répondent aux normes KFWN et autres normes de qualité.

 

 

Plusieurs publications qui ont été écrites par des membres de KFWN, et qui ont été soumises au processus ci-dessus se sont très bien vendues. Deux de ces publications ont reçu des distinctions : When Tears Almost Tear d’Eva Mumbi, qui a fait l’objet d’articles dans plusieurs médias audiovisuels en raison du témoignage qu’elle a partagé dans son livre, et Managing Your Finances God’s Way de Gladys Juma. Ce livre a remporté un prix ACABA dans la catégorie Affaires/Finance en 2021.

 

 

Les événements de 2020 et 2021 se sont tenus virtuellement en raison de la pandémie de Covid. Cette année 2022 marquera le retour de l’événement en présentiel, qui comprendra à la fois un lancement de livre conjoint pour les auteurs du KFWN et un salon du livre ouvert à tous les auteurs chrétiens, y compris ceux qui ne sont pas membres du KFWN. Il se tiendra le 3 décembre à Nairobi, sous le thème “Ecrire pour transformer. » Veuillez écrire à l’adresse kenyafaithwriters@gmail.com pour plus d’informations.

Rejoignez-nous dans la prière pour le bon déroulement du lancement conjoint du livre et de la foire du livre, ainsi que pour le Kenya Faith Writers Network qui s’efforce d’avoir un impact positif sur la société par le biais du don de l’écriture, pour l’avancement du Royaume de Dieu.

 

 

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